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Nous étions placés de la manière suivante : à gauche, l’hetman, Aguida, dont il enserrait la taille avec la plus aristocratique désinvolture. Cacambo, une femme targui, puis deux nègres voilés, graves, attentifs au jeu. À droite, Sydya, moi, la vieille manucure Rosita, Barouf, le barbier, une autre femme, deux Touareg blancs, graves et attentifs, symétriques de ceux de gauche.

— J’en veux, me dit l’hetman.

Sydya fit un geste négatif.

Koukou tira, donna un quatre à l’hetman, se servit un cinq.

— Huit, — annonça Bielowsky.

— Six, — dit la jolie Sydya.

— Sept, — abattit Koukou. — Un tableau paie l’autre, — ajouta-t-il froidement.

— Je fais paroli, — dit l’hetman.

Cacambo et Aguida l’imitèrent. De notre côté, on était plus réservé. La manucure, notamment, ne risquait que vingt francs à la fois.

— Je demande l’égalité des tableaux, — fit Koukou, imperturbable.

— Que ce particulier est insupportable, — maugréa le comte. — Voilà. Es-tu content ?

Koukou donna, et abattit neuf.

— Honneur et patrie ! — hurla Bielowsky. — J’avais huit…

Moi qui avais deux rois, je ne manifestai pas ma mauvaise humeur. Rosita me prit les cartes des mains.