Page:Benoit L Atlantide.djvu/180

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je pouvais m’en douter, — fit-elle avec ironie. — Mais de quel pays de France ?

— D’un pays qui s’appelle le Lot-et-Garonne.

— De quel endroit, dans ce pays ?

— De Duras.

Elle réfléchit un instant.

— Duras ! Il y coule une petite rivière, le Dropt. Il y a un grand vieux château.

— Vous connaissez Duras, — murmurai-je, abasourdi.

— On y va de Bordeaux, par un petit chemin de fer, — poursuivit-elle. — C’est une route encaissée, avec des coteaux pleins de vignobles, que couronnent des mines féodales. Les villages ont de beaux noms : Monségur, Sauveterre-de-Guyenne, la Tresne, Créon… Créon, comme dans Antigone.

— Vous y êtes allée ?

Elle me regarda.

— Dis-moi tu, — fit-elle avec une sorte de lassitude. — Il faudra, tôt ou tard, que tu me tutoies. Commence tout de suite.

Cette promesse menaçante me combla sur l’heure d’un immense bonheur. Je songeai aux paroles de M. Le Mesge : « Ne parlez pas tant que vous ne l’aurez pas vue. Dès que vous l’aurez vue, vous renierez tout pour elle. »

— Si je suis allée à Duras ? — poursuivit-elle avec un éclat de rire. — Tu t’amuses. T’imagines-tu la petite fille de Neptune dans un compartiment de première classe, sur une ligne d’intérêt local ?