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ce charmant fatras, qu’était-elle ? Une sorte de jeune fille mince, aux longs yeux verts, au petit profil d’épervier. Un Adonis plus nerveux. Une reine de Saba enfant, mais avec un regard, un sourire, comme on n’en a jamais vu aux Orientales. Un miracle d’ironie et de désinvolture.

Le corps d’Antinéa, je ne le voyais pas. Vraiment, ce fameux corps, je n’aurais pas pensé à le regarder, même si j’en avais eu la force. Et c’est peut-être ce qu’il y eut de plus extraordinaire dans cette première impression. Songer aux suppliciés de la salle de marbre rouge, aux cinquante jeunes gens qui avaient pourtant tenu entre leurs bras ce mince corps : rien que cette pensée m’eût paru, en cette seconde inoubliable, la plus horrible des profanations. Malgré sa tunique audacieusement fendue sur le côté, sa fine gorge découverte, les bras nus, les ombres mystérieuses devinées sous le voile, cette femme, en dépit de sa monstrueuse légende, trouvait le moyen de demeurer quelque chose de très pur, que dis-je de virginal.

Pour l’instant, elle était toute au rire qui l’avait saisie, quand, en sa présence, j’avais roulé à terre.

— Hiram-Roi, — appela-t-elle.

Je me retournai. J’aperçus mon ennemi.

Sur le chapiteau d’une des colonnes, à vingt pieds du sol, un splendide guépard était agrippé. Son regard était furieux encore du coup de poing que je lui avais décoché.

— Hiram-Roi, — répéta Antinéa, — ici !