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grec : Ti est l’article féminin berbère. Nous avons plusieurs exemples de ce mélange. Prenez celui de Tipasa, la ville nord-africaine. Son nom signifie l’entière, de ti et de πᾶσα. En l’espèce, tinea signifie la nouvelle, de ti et de νέα.

— Et le préfixe an ? — interrogea Morhange.

— Se peut-il, monsieur, — répliqua M. Le Mesge, — que je me sois fatigué une heure à vous parler du Critias pour aboutir à un aussi piètre résultat ? Il est certain que le préfixe an, en lui-même, n’a pas de signification. Vous comprendrez qu’il en a une, lorsque je vous aurai dit qu’il y a là un cas très curieux d’apocope. Ce n’est pas an qu’il faut lire, c’est atlan. Atl est tombé, par apocope ; an a subsisté. En résumé, Antinéa se décompose de la manière suivante : Τί — νέα — ἀτλἈν. Et sa signification, la nouvelle Atlante, sort éblouissante de cette démonstration.

Je regardai Morhange. Son étonnement était sans bornes. Le préfixe berbère ti l’avait littéralement sidéré.

— Avez-vous eu l’occasion de vérifier cette très ingénieuse étymologie, monsieur ? — put-il enfin proférer.

— Vous n’aurez qu’à jeter un coup d’œil sur ces quelques livres, — fit dédaigneusement M. Le Mesge.

Successivement, il ouvrit cinq, dix, vingt placards. Une prodigieuse bibliothèque s’amoncela à notre vue.

— Tout, tout, il y a tout ici, — murmura Mo-