Page:Benoit L Atlantide.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous avez à vos pieds, ces fruits rouges, cette cascade, ce lac bleu, témoignages sacrés de l’âge d’or disparu. Hier soir, en arrivant ici, vous avez franchi les cinq enceintes : les trois enceintes de mer, pour jamais desséchées ; les deux enceintes de terre, creusées d’un couloir où vous avez passé à dos de chameau, et où, jadis, voguaient les trirèmes. Seule, dans cette immense catastrophe, s’est maintenue semblable à ce qu’elle fut alors, dans son antique splendeur, la montagne que voici, la montagne où Neptune enferma sa bien-aimée Clito, fille d’Evénor et de Leucippe, mère d’Atlas, aïeule millénaire d’Antinéa, la souveraine sous la dépendance de laquelle vous venez d’entrer pour toujours.

— Monsieur, — dit Morhange, avec la plus exquise politesse, — le souci n’aurait rien que de très naturel qui nous pousserait à nous enquérir des raisons et du but de cette dépendance. Mais voyez à quel point m’intéressent vos révélations : je diffère cette question d’ordre privé. Ces jours-ci, dans deux cavernes, il m’a été donné de découvrir une inscription tifinar de ce nom, Antinéa. Mon camarade m’est témoin que je l’avais tenu pour un nom grec. Je comprends maintenant, grâce à vous et au divin Platon, qu’il ne faille plus m’étonner d’entendre appeler une barbare d’un nom grec. Mais je n’en reste pas moins perplexe sur l’étymologie de ce vocable. Pouvez-vous éclairer ma religion à ce sujet ?

— Monsieur, — répondit M. Le Mesge, — je