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celui d’un vieux monsieur, juge d’instruction en retraite et président de la Société Roger-Ducos, vague magma scientifique, où des savants d’arrondissement s’appliquaient, avec une prodigieuse incompétence, à l’étude des questions les plus hétéroclites. Une après-midi, j’étais chez moi, à cause d’une forte pluie. La brave femme était en train d’astiquer avec frénésie le loquet de cuivre de ma porte. Elle employait une pâte appelée tripoli, qu’elle étendait sur un papier, et frottait, et frottait… L’aspect particulier du papier m’intrigua. J’y jetai un coup d’œil. « Grands dieux ! Où avez-vous pris ce papier ? » Elle se trouble : « Chez mon maître, il y en a comme ça des tas. J’ai arraché celui-ci à un cahier. — Voilà dix francs, allez me chercher ce cahier. »

« Un quart d’heure plus tard, elle revint, me le rapportant. Bonheur ! Il n’y manquait qu’une page, celle dont elle avait astiqué ma porte. Ce manuscrit, ce cahier, savez-vous ce que c’était ? tout simplement le Voyage à l’Atlantide, du mythographe Denys de Milet, cité par Diodore, et dont j’avais si souvent entendu déplorer la perte par Berlioux[1].

« Cet inestimable document contenait de nom-

  1. Comment le Voyage à l’Atlantide a-t-il échoué à Dax ? Je n’ai trouvé jusqu’ici qu’une hypothèse satisfaisante : il aurait été découvert en Afrique par le voyageur de Béhagle, membre de la Société Roger-Ducos, qui fit ses études au collège de Dax et séjourna ensuite à plusieurs reprises dans cette ville. (Note de M. Leroux.)