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leurs voyantes, plein de cigarettes égyptiennes.

— Je ne fume jamais, — expliqua-t-il, — mais Antinéa vient quelquefois ici. Ces cigarettes sont les siennes. Prenez, messieurs.

J’ai toujours eu horreur de ce tabac blond, qui permet à un garçon coiffeur de la rue de la Michodière de se donner l’illusion des voluptés orientales. Mais, en l’espèce, ces cigarettes musquées n’étaient pas sans attrait. Et il y avait longtemps que ma provision de caporal était épuisée.

— Voici la collection de la Vie Parisienne, monsieur, me dit M. Le Mesge, — usez-en, si elle vous intéresse, tandis que je m’entretiendrai avec votre ami.

— Monsieur, — répondis-je assez vertement, il est vrai que je n’ai pas été l’élève de Berlioux. Vous me permettrez néanmoins d’écouter votre conversation : je ne désespère pas de la trouver intéressante.

— À votre aise, — dit le petit vieux.

Nous nous installâmes confortablement. M. Le Mesge s’assit devant le bureau, tira ses manchettes et commença en ces termes :


— Si épris que je sois, monsieur, d’une complète objectivité en matière d’érudition, il ne m’est pas possible d’abstraire totalement mon histoire propre de celle de la dernière descendante de Clito et de Neptune. C’est à la fois mon regret et mon honneur.