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Ayant ainsi parlé, il s’accroupit, tira sa longue pipe de roseau à couvercle de cuivre, et, gravement, se mit à fumer.

— Tout ceci commence à devenir bien étrange — murmura Morhange, qui venait de se rapprocher de moi.

— Il ne faut rien exagérer, — lui répondis-je. — Vous vous rappelez aussi bien que moi le passage où Barth raconte son excursion à l’Idinen, qui est le Mont des Génies, des Touarez Azdjer. L’endroit avait si mauvaise réputation qu’aucun Targui ne consentit à l’accompagner. Il en revint, pourtant.

— Il en revint, sans doute, — répliqua mon camarade, — mais il commença par s’égarer. Sans eau, sans vivres, il faillit périr de faim et de soif, à ce point qu’il dut s’ouvrir une veine pour boire le sang. Cette perspective n’a rien de bien attrayant.

J’eus un haussement d’épaules : après tout, ce n’était pas ma faute si nous en étions là.

Morhange comprit mon mouvement, et crut devoir s’excuser.

— Je serais d’ailleurs curieux, — reprit-il avec une gaieté un peu forcée, — d’entrer en relation avec ces génies et de vérifier les informations de Pomponius Mela, qui les a connus, et les place effectivement dans les montagnes des Touareg. Il les appelle Égipans, Blemyens, Gamphasantes, Satyres… « Les Gamphasantes, dit-il, sont nus ; les Blemyens n’ont pas de tête, leur visage étant