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L’endroit était sinistre et beau. À notre gauche, une fantastique muraille de granit découpait son arête grise sur le ciel rouge. Cette muraille était, de haut en bas, fendue par un couloir sinueux, haut de mille pieds peut-être, d’une largeur parfois à peine suffisante pour laisser passer trois chameaux de front.

— C’est ici, — répéta le Targui.

Vers l’Ouest, droit devant nous, dans la lumière du couchant, la piste que nous allions quitter déroulait son ruban pâle. La plaine blanche, la route de Shikh-Salah, les haltes sûres, les puits connus… Et, du côté opposé, cette muraille noire sur le ciel mauve, ce couloir sombre.

Je regardai Morhange.

— Arrêtons-nous, — dit-il simplement, — Eg-Anteouen nous conseille de refaire au grand complet notre provision d’eau.

D’un commun accord, nous décidâmes de passer la nuit là, avant de nous engager dans la montagne.

Il y avait une source, dans une cuvette ténébreuse, où tombait une belle petite cascade ; quelques arbustes, quelques plantes.

Déjà, les chameaux, à l’entrave, s’étaient mis à brouter.

Bou-Djema déposait sur une grosse pierre plate notre couvert de campagne, gobelets, assiettes d’étain. Une boîte de conserve ouverte par ses soins fut placée à côté d’un plat de laitue qu’il venait de cueillir sur les bords humides de la source. Je voyais, aux gestes saccadés avec les-