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LE THÉATRE D’AUJOURD’HUI

elle, parce que je t’adorais et que j’ai voulu être belle et élégante pour te plaire. En admettant, ce qui n’est pas, que cette explication nous paraisse vraisemblable, elle ne peut provoquer chez Richard que l’indignation à l’égard d’une créature capable de recourir à de pareils moyens pour se faire aimer. Une fois qu’il lui aura craché son mépris à la face, il n’a plus rien à faire qu’à recommencer, et toutes les supplications de Marie-Louise qui se traîne à ses pieds en lui demandant pardon, ne peuvent nous empêcher de sentir que nous piétinons sur place. L’intérêt se réveille un peu lorsque Richard, énervé, sinon attendri, par ses sanglots et ses larmes, se ressaisit, et lui pose la question que nous attendions : Mais pourquoi Fernand a-t-il avoué un vol dont il était innocent ? — Parce que je le lui ai demandé. — Où ? quand ? — Ce soir, dans le parc. — Et pourquoi a-t-il consenti ? — Parce qu’il m’aime, et qu’il me fait la cour depuis longtemps. Là-dessus Richard s’emporte, lui fait une scène de jalousie ; mais il a beau crier et la traiter de « garce », nous ne prenons pas ses fureurs au sérieux, parce qu’il ne peut douter, non plus que nous, que sa femme n’aime que lui.

Si l’auteur a été embarrassé pour finir cette scène si admirablement commencée, il l’a été plus encore pour terminer sa pièce. Il lavait conçue en vue de la situation très dramatique que nous venons d’analyser ; une fois qu’il en a tiré les effets qu’elle comporte, l’invraisemblance de la donnée fondamentale