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L’Abitibi, pays de l’or

sinage, mais chacune a son petit village. La Rivière-Piché n’existe que pour attirer les gens de toute la région et qui sont autrement dépourvus de moyens de récréation. Quotidiennement, de cinq ou six heures de l’après-midi jusqu’à cinq heures du matin, le dimanche toute la journée, la Rivière-Piché reçoit des contingents de visiteurs qui viennent de cinq, dix et quinze milles à la ronde, de Val d’Or, de Malartic et même d’O’Brien. Les uns voyagent en automobiles, d’autres en canots, en kickers, en bateaux-taxis. Les nautonniers sont innombrables et leur industrie ne chôme pas.

La Rivière-Piché, c’est l’exploitation trop souvent écœurante des loisirs d’une population venue en pays neuf. Le site du village est enchanteur. On y a vue sur les deux lacs, de belle étendue, Lemoine et Piché. Le voisinage est encore assez densément boisé. Pour peu qu’on y eût pensé et pourvu, il eût été possible d’établir là une villégiature charmante. On y trouve présentement le débraillé de certaines plages populaires autour des grandes villes, avec en plus une note canaille, qui paraît d’autant plus canaille, infâme et laide qu’elle se présente en pleine nature. Les scènes de beuverie, de racolage public, de violence même sont choses non seulement fréquentes,