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SOCIÉTÉ ROYALE DU CANADA

des Iroquois : « Il ne faut que cent vingt hommes armés à la légère, dit-il, pour éviter les flèches ce que ayant avec eux deux ou trois mille Sauvages de guerre, nos alliés dans un an on se rendrait maître absolu de tous ces peuples, en y apportant l’ordre requis, et ceci augmentera le culte de la religion et un trafic incroyable ». Le ministre ne fit rien. Champlain mourut le 25 décembre de cette année. Le Canada fut laisse à lui même et, pour surcroît de désolation, les Hollandais d’Albany vendirent des armes à feu aux Iroquois. Ceux-ci se mirent résolument en campagne (1636-37) et leurs bandes infestèrent à la fois le Haut et le Bas-Canada. La guerre contre les Hurons était en plein mouvement dès 1636. Il n’y a pas de doute que, par les Hollandais et les Suédois, les Cinq-Nations savaient que la France était engagée dans deux ou trois guerres dont elle pouvait difficilement sortir victorieuse. Devons-nous comme les Iroquois, tirer une conclusion et dire que la France ne pouvait rien faire pour sa colonie ? Le peu de secours que nous lui demandions n’aurait diminué ni ses ressources, ni son armée, ni son prestige en Europe, et en nous l’accordant, elle eût établi son empire dans l’Amérique du Nord.

Le spectacle que nous présentent certaines parties de l’Afrique en ce moment est la répétition de ce qui s’est vu en Amérique entre les premiers commerçants européens de nations différentes qui ont paru dans ces pays nouveaux : s’ils ne font pas la guerre eux-mêmes, ils portent les sauvages à attaquer les comptoirs rivaux.

Les Wenrohronons (ainsi nommés dans une Relation) qui vivaient au delà du lac Érié, à plus de 80 lieues des Hurons étaient d’anciens amis des Neutres. Les Iroquois les attaquèrent en 1639 et les dispersèrent ; plus de six cents de ces malheureux, la plupart femmes et enfants, furent recueillis par les Hurons et par les Neutres de Khiæetoa, dont la bourgade était située au nord-est de Sarnia — plus tard mission Saint-Michel. Ces Wenrohronons devaient être une branche des Ériérohnons, peuple du Chat, établi vers Cleveland et Sandusky, non loin de quelques bourgades des Neutres, lesquelles s’avançaient jusqu’à Toledo après avoir franchi la rivière Détroit. Leur langue était celle des Hurons, des Neutres et des Iroquois. La dispersion de 1639 refoula le principal groupe des Érié vers le centre de l’État actuel de l’Ohio, où ils demeurèrent une douzaine d’années dans de grands villages, cultivant la terre pour vivre, selon leur ancienne coutume.

Les Neutres (Attiwindorons) qui, jusqu’à 1638, avaient gardé leur neutralité traditionnelle entre les Hurons et les Iroquois, devinrent en butte aux coups de ces derniers. Ils occupaient l’espace compris entre la rivière Niagara, Sarnia, Gode-ich et Hamilton et comptaient trente-six villages renfermant quatre mille guerriers en 1616, le même nombre en 1641, avec une population de 12, 000 âmes à cette dernière date ; mais ce chiffre avait été plus élevé quelques années auparavant. Sur la carte de Galinée, 1670, on voit, près de l’emplacement de la ville de Hamilton, ces