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choses désagréables, de tomber dans les bras l’un de l’autre !

Marinette. — N’importe ! Pendant trente secondes, vous m’avez détestée, et, pendant quinze, vous avez eu envie que nous divorcions.

Mme Hamelin. — Oh ! cette horreur !

Marinette, riant. — Seulement, avec moi, rien, à faire. Je suis mariée… pour la vie : je ne recommence pas le défilé, le lunch… Ah ! merci !

Pierre. — Tu as des mots drôles. Embrasse-moi.

Marinette. — Voyez-vous ça !… Maman, voulez-vous vous retourner ?

Mme Hamelin. — Ah ! tiens ! si je ne peux pas voir mon fils embrasser sa femme.

Marinette. — C’est pour ne pas vous gêner, vous. (Elle se penche et embrasse Pierre.) En t’embrassant, je frotte le fauteuil avec ma jupe : autant de ménage fait pour demain. {{Didascalie|(Elle recommence. Bruit de porte. Elle se redresse tout à coup.) Fixe !

Mme Hamelin. — Ce n’est pas pour les jeunes filles.

Suzanne, avec un petit air pincé. — J’ai vu.

Elle a une tasse dans les mains.

Marinette. — Qu’est-ce que tu as vu ?… Tu n’as rien vu… Et qu’est-ce que tu apportes ? De la camomille ?… Pour moi ?

Suzanne, voyant les tasses sur la table, désolée. — Elles t’ont fait du thé ? Tu sais bien que le thé t’énerve !

Mme Hamelin. — Mademoiselle, il y a du tilleul dans le thé.

Suzanne. — Du tilleul ? C’est comme s’il n’avalait rien. Il n’y a que la camomille qui lui réussisse.