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Pierre. — Là… Elles balaient, grattent et fulminent contre toi.

Marinette. — Moi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

Pierre. — Rien, précisément… Et elles m’ont trouvé dans un certain pétrin…, qu’elles ont exagéré… sans avoir tout à fait tort… Tu es une petite femme délicieuse, pour qui on ferait le tour du monde sur la tête. On ne peut pas te voir sans griller de t’embrasser. Seulement, tu te fiches de moi comme d’une guigne pas mûre.

Marinette. — Moi ?

Pierre. — Oh ! rassure-toi, je ne vais pas prêcher : je sais l’inutilité de ces manifestations. Mais ma mère, elle, va te faire un petit sermon, pour ton bien… et pour le sien, car elle a un besoin impératif de dire ce qu’elle a sur le cœur. Alors…, voilà : aie la gentillesse de l’écouter avec déférence, sans te fâcher, ce qui ne serait pas dans tes habitudes, mais sans sourire non plus, pour une fois. J’ai essayé de t’excuser sans résultat. Je n’ai plus qu’à battre en retraite. Je vais descendre acheter des journaux, à un kiosque… éloigné… et, quand je reviendrai, je voudrais bien que tout soit fini…

Marinette, riant. — Mais quelle est cette comédie ?

Pierre. — Voilà… Je te répète je ne voudrais pas que tu ries.

Marinette, riant plus fort. — Alors, c’est grave ?

Pierre. — Pour quelqu’un qui n’a pas fait d’astronomie, et qui ignore combien tout est relatif, oui, c’est grave !

Il sort.