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faut encore que j’ouvre. Je ne peux pas une fois ne pas ouvrir !


Scène III

Pierre. — Ah ! c’est vous ?

Mme Hamelin, gaiement. — C’est nous ! Nous montons en passant. Bonjour !… Tu es seul ?

Pierre. — Oui.

Mme Hamelin. — Ta femme n’est pas là ?

Pierre. — Non.

Mme Hamelin. — Et ta bonne ?

Pierre. — Non plus.

Mme Hamelin. — Marinette avait des courses à faire ?

Pierre. — Sais pas.

Mme Hamelin. — Et la bonne est au marché ?

Pierre. — Non. Au diable.

Mme Hamelin. — Hein ?

Pierre, énervé. — Fichue à la porte.

Mme Hamelin. — Vous êtes sans bonne ?

Pierre. — Sans aucune bonne.

Suzanne. — Oh !

Pierre. — Oh ! ne te frappe pas !

Mme Hamelin. — Mais alors ta femme a été en chercher une ?

Pierre. — … Crois pas.

Mme Hamelin. — Et pourquoi as-tu renvoyé l’autre ?

Pierre, soupir. — Tu tiens à savoir ?

Mme Hamelin. — Bien sur !

Pierre. — Absolument ? (À sa sœur.) Et toi aussi ?… Alors, asseyez-vous. (Il s’assied lui-même. Sur un ton de parfait ennui.) Voilà. J’ai renvoyé l’autre sur les plaintes de Marinette, un point. Depuis trop longtemps, Marinette se plaignait, point et virgule ; et moi, ça m’épuise qu’on se plaigne, un point à la ligne !… (Mme Hamelin et Suzanne haussent les épaules.) Alors, le trente et unième jour révolu, je suis entré dans la cuisine, et j’ai dit