Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marinette. — Toi, tu m’agaces !

Suzanne. — Si tu crois que, par derrière, il t’appelle Mlle Marinette !

Marinette, haussant les épaules. — Madame, le premier où j’ai causé avec… votre fils, il m’a déclaré avoir horreur des jeunes filles popotes et ménagères. Il m’a dit : « Si vous croyez que c’est drôle d’épouser une femme qui traîne toujours avec une bouillotte ou un plumeau !… »

Suzanne. — Ça, c’est une pierre dans mon jardin.

Marinette. — Oh ! il ne m’a jamais rien dit de toi.

Suzanne. — C’est encore pis… Je sais ce qu’il pense… Je suis pour lui la petite bourgeoise inepte, pas moderne !… Toi, au moins, tu parles littérature !

Marinette. — Et tu es jalouse ? C’est le comble !

Suzanne. — Il ne s’agit pas de ça. Mais ce qu’il aime chez toi, c’est ce qui le change de moi.

Mme Hamelin. — Savez-vous que vous m’amusez ferme, toutes les deux ! (On cogne à la porte du fond.) Entrez !


Scène V

Mme Hamelin. — Ah !… bonjour, madame !

Mme Pharamond, saluant avec de petits gestes précieux. — Madame, mademoiselle…

Mme Hamelin, à Marinette. — Mme Pharamond, notre propriétaire. Mme Pharamond.) Ma future belle-fille.

Salut réciproque. Mme Pharamond murmure longuement : « Mademoiselle… »

Mme Pharamond. — Je n’arrive pas trop tôt, madame ?

Mme Hamelin. — Mais non, madame, tout est prêt ; nous allons pouvoir faire l’inventaire.