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sement. Les femmes s’occupent trop de choses inutiles et fastidieuses.

Mme Hamelin. — Fastidieuses, d’accord…

Marinette. — Et inutiles ! Pourquoi nous croire si indispensables ? Si on avait habitué les hommes, depuis qu’il y a des hommes, à se servir eux-mêmes…

Suzanne, éclatant. — Mais puisqu’on ne les a pas habitués !

Marinette, très gaie. — Eh bien ! je veux réformer tout ça, na !

Suzanne. — Toute seule ?

Marinette. — Qui m’aime me suive ! (Elle déclame comiquement.) Jusqu’ici, toutes les générations d’hommes ont réservé soigneusement à la femme les besognes abjectes. Cette raison d’habitude ne doit nous convaincre. Je fais grève !

Mme Hamelin. — Quel type !

Marinette. — Madame, vous êtes la première à vous plaindre ?

Suzanne. — Et moi la seconde.

Marinette. — Donc, vous voulez une amélioration ?

Mme Hamelin. — Oui, mais de là à l’obtenir…

Marinette. — Il y a juste le temps d’une petite grève.

Suzanne. — Quel type ! (Se frottant les mains.) Avec Pierre, ils vont être tordants, tous les deux.

Marinette. — Nous nous entendrons très bien. Nous avons un principe commun : nous donner le moins de mal possible. Donc, nous nous partagerons les embêtements.

Mme Hamelin. — Ah !… voilà où les petites filles sont innocentes ! Vous ne partagerez rien ! Pour que lui ait le moins de mal possible, il vous laissera toutes les corvées. Vous ne con-