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dernier rhume de cerveau ?

Suzanne. — Il venait nous chercher pour éternuer !

Rentrée de Pierre.

Suzanne. — Non ? Encore !

Pierre, impassible. — Je n’ai pas d’argent.

Suzanne. — Tu le fais exprès ?

Pierre. — Enfin, je répète : je n’ai pas d’argent. Seize francs cinquante. Je ne peux pas donner seize francs cinquante à un pharmacien !

Suzanne. — Tu ne veux pas les donner.

Pierre. — Je ne te parle pas, à toi.

Suzanne. — Moi non plus. Mais j’annonce à maman que tu as de la monnaie plein tes poches.

Pierre. — Alors, tu fouilles dans mes poches ?

Mme Hamelin, énervée. — Oh ! tiens ! Prends ce billet de cinquante francs, et rapporte de la monnaie.

Pierre, ricanant. — Et avec ça ? (Levant les épaules.) Valet de chambre et garçon de recettes ! Jeune homme d’excellente famille !

Suzanne et sa mère le regardent sortir.

Mme Hamelin. — Est-il égoïste !… (Soupir.) Si je ne t’avais pas !

Suzanne. — Maman, au fond, il n’est pas méchant… Il nous aime bien… Il est pacha, parce que tu es trop bonne.

Mme Hamelin. — Ça, je ne peux pas m’en empêcher.

Suzanne. — Eh bien ! attends, je te dis encore : attends… avec Marinette !

Mme Hamelin. — Quelle erreur ! Tu es trop jeune, toi, pour comprendre. Dans le mariage, ce n’est pas l’homme qui change. Mari-