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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

torpille anglaise l’a coulé en plein port de Hambourg, alors que…

— Qu’est-ce que vous me chantez là ! L’histoire de la fanfare ?

— Vous la connaissez aussi ?

— Oh ! celle-là, mon vieux, il ne faut pas me la faire, non, parce que celle-là, c’est moi qui l’ai lancée !

— Vous ?

— Au revoir, Barbet, écrivez des articles sérieux, mon brave, croyez-moi : vous n’êtes pas fait pour le comique. Puisque vous revenez d’Angleterre, vous devez savoir le nombre de leurs sous-marins, combien ils fabriquent d’obus par jour, ce qu’ils ont exactement de soldats dans leurs camps ; et c’est ça qui intéresse le public, des chiffres, des chiffres exacts, puisés à bonne source. Vous les avez dans vos bagages ? Sortez-les, mon cher. Et là-dessus, je m’en vais… Ah !… une petite remarque : vous savez que nous ne sommes plus qu’à deux pages quatre fois par semaine ; crise du papier, publicité fichue, alors il faut se réduire. À combien étiez-vous ?

— Heu… Cent francs, patron.

— Je suis obligé de vous mettre à soixante-quinze. Vous vous rattraperez en faisant plus d’ar-