Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/265

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
265
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

tas de choses : les uns sont forts par le gymnastique ; d’autres, ils ont des religions avec bizarres Dieux que admire le voyageur ; d’autres, ils prospèrent par les industries ; certains ils sont courageux ; d’autres rêveurs. Mais le France, plus de tout ça qu’il possède pareil aux autres, il recherche d’être aimé, et il est malheureux à ne point l’être.

— Oh ! ça, très juste, dit Barbet, qui sentait sourdre en lui des sources d’affection ; le plus humble de nos poilus ne marche bien que si son officier l’aime.

— Et ainsi, continua M. John Pipe, nous, les Anglais, sommes des peuples supérieurs, mais vous, en France… vous êtes un peu supérieurs aux peuples les plus supérieurs… Mongsieur Bâbette, voici un bon coin… il faut vous montiez.

Barbet monta, mit son bagage, redescendit.

— Le France et le Angleterre, dit M. John Pipe, comme ils ignoraient l’un l’autre, n’est-il pas ! Le vie est courte ; nous faisons chacun nos affaires et le temps manque de connaître les des autres. Alors les Français disaient les Anglais perfides, et les Anglais ils croyaient tous les Français ils mangent des grenouilles trois fois un jour ! Oui, mongsieur Bâbette !