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L’arbre que vous plantez, votre arbre de science,
Quel que soit son ombrage, est funeste à mes yeux,
Si, pour vous abriter, il doit cacher les cieux ;
S’il ne doit s’élargir que pour être un refuge
À ceux qui vont disant : « Après nous le déluge ! »
Si tout essor divin de son ombre est banni,
S’il n’a point de lucarne ouverte à l’infini.
Attendez ! ― C’est en vain que votre orgueil murmure,
Lorsque, pour vos neveux, l’arbuste ayant grandi,
Pourra braver les vents ; mancenillier maudit,
Lorsqu’il aura pompé, dans sa vaste ramure,
Tous les sucs généreux de votre sol natal ;
Lorsqu’il sera forêt, et que son tronc fatal
Aura couvert au loin vos villes et vos plaines ;
Quand le peuple, assez haut pour cueillir à mains pleines
Et mordre à belles dents ses fruits empoisonnés,
La tête en feu, les sens de fièvre aiguillonnés,
À sa façon voudra commenter vos oracles,
Chers maîtres, ce jour-là l’on verra des miracles !
Cet avenir sinistre où l’œil craint de plonger,
Quelqu’un de vous peut-il sans frémir y songer ?
Ou bien, jusqu’à ce point poussez-vous le délire,