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Et le sarcasme, fifre au rire étincelant,
Qui sait punir les sots, et, comme un fouet sifflant,
Sur le dos des bassons qu’en jouant il étrille,
Faire claquer l’arpège et rebondir le trille ;
Et la plaisanterie, avec ses gais propos,
Où la verve déborde, où le chœur des pipeaux,
Des flûtes, des hautbois, des violons alterne
Avec les cors profonds grondant d’un air paterne !
— Puis, dans l’adagio plaintif et solennel,
Le regret, le chagrin et le pleur éternel ;
— De ses doigts convulsifs, le désespoir livide
Se cramponnant aux bords du gouffre où luit le vide ;
— L’amour doux et cruel, maître du cœur humain ;
Ange d’Éden qu’un jour on rencontre en chemin,
Nous offrant quelques fleurs du jardin de délices,
Pour nos larmes d’exil entr’ouvrant leurs calices !
— Et vous, désirs trompés aux sourires amers,
Plongeurs, qui n’apportez du gouffre obscur des mers,
Sans la perle ou la coupe aux promesses divines,
Qu’un peu de sable pris au fond de ses ravines !
— Dans un coin, à l’écart, la haine aux yeux ardents,
Qui rêve la vengeance et qui grince des dents ;
— Puis, d’un sourire en pleurs consolant la souffrance,
Montrant du doigt les cieux, l’immortelle Espérance ;
— Ici de blancs essaims d’Archanges radieux,
Et là des groupes noirs de monstres odieux :
Des goules vomissant, avec des bruits d’orage,
Et la pluie et la grêle et la foudre et la rage ;