Page:Beltjens - À Beethoven, 1880.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 5 —

Défend de pénétrer à la sagesse humaine,
Et jamais autre voix n’en saurait raconter
Ce que la tienne en put nous dépeindre et chanter ;
Oh ! les divins instants que l’on savoure, extase
Ineffable, bonheur que l’on boit à plein vase,
Quand les effluves d’or de tes créations
Se répandent sur nous, riches d’émotions,
Et nous parlent, ainsi qu’aux plages effarées
Les flots tumultueux des superbes marées !
Tout ce que le silence au plus profond de nous
Enveloppe de grand, de terrible et de doux :
Les essaims fugitifs de brumeuses pensées,
Visions de la nuit par l’aurore effacées,
Les aspirations vers un ciel inconnu,
Monde mystérieux dans nos seins contenu,
Souvenir, espérance et vague nostalgie,
Soudain tout se réveille aux coups de ta magie,
Tout se met à vibrer ; — en soubresauts nerveux
L’enthousiasme ardent fait dresser nos cheveux ;
Un lointain paradis luit dans un crépuscule ;
Une fièvre divine en nos veines circule ;
De tendresse et d’horreur nous frémissons, — nos yeux
S’emplissent par degrés de pleurs délicieux,
Et notre esprit, nos sens que ta musique enivre,
Tout ce qui vit en nous, doublement se sent vivre !
— Oui ! lorsque traduisant ton génie inspiré,
Pythonisse debout sur le trépied sacré,
De ses plus beaux concerts ta Muse nous régale,