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LE PAIN DE CARITACHS

visages des filles de Béziers une auréole de dentelle !… Vous en eussiez été charmés…

Un autre l’était mieux encore…

Jean, dit Jeanou, fils de l’Apothicaire, tenait boutique en face de maître Cérès. D’un œil attendri il suivait la jolie boulangère : s’il en recevait un sourire, c’était fête pour tout le jour, si elle reportait sur ses pains un regard distrait, il baissait tristement la tête ; les yeux de l’être simple et bon s’embuaient, ses bras tombaient ballants, ses pieds restaient cloués au sol… il en devenait blême, le pauvre Jean… et malheur au cacochyme qui eût commandé, à cette heure, un emplâtre ou un julep !…

Cérès possédait encore autre chose : il aimait les cartes, et la bouteille ne lui faisait pas peur ! De là, — loin de prospérer, — son négoce était parfois à l’état lamentable.

C’est ce qui arrivait, cette première année du grand siècle, trois jours avant l’Ascension…

— Cérès, avait dit le propriétaire de la boutique, j’attends encore tes deux termes en retard !