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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

lueurs rougeâtres éclairaient en dessous les corniches romanes, la cathédrale brûlait.

Cent pas en séparaient la demeure du consul, mais les foules épouvantées obstruaient déjà les rues ; des groupes à demi-vêtus, poursuivis par des êtres sans nom, couraient avec des clameurs d’épouvante et des blessés jonchaient le sol. Là-haut sonnait toujours le glas de l’agonie : Béziers semblait crouler dans le sang et dans le feu.

Gersinde haletante, suffoquée, atteignit enfin la cathédrale. Les Truands (le poème de la Croisade est formel et l’on sait que les chevaliers n’entrèrent dans la ville que lorsque le crime fut consommé) poursuivaient l’œuvre de destruction ; les uns brisaient les autels, mutilaient les Images, d’autres, après avoir embrasé les charpentes, agitaient des torches et propageaient le fléau. Des femmes, des enfants, venus chercher dans le sanctuaire l’asile, qu’en ce jour d’horreur on n’y trouvait plus, s’entassaient dans l’angle des chapelles : muets d’effroi, ils semblaient frappés de folie !…