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ÉPISODE DU SIÈGE DE BÉZIERS EN 1209

de l’édifice que Gervais, maître en l’art de bâtir, avait élevé avec tant d’habileté et de patience. Puis elle montait vers l’abside et contemplait, sans bien comprendre, la colombe eucharistique suspendue sur l’autel. Parfois un attrait puissant la portait vers la salle du Trésor où s’entassaient les reliquaires inestimables ; elle en avait un jour entrevu les merveilles dans l’éclair des pierreries et des émaux, elle savait que dans un coffre serti de gemmes, on y gardait un voile de la Vierge Marie, et ce voile l’attirait !… Enfin, et toujours à regret, elle regagnait le porche si largement ouvert sur le ciel, en passant elle se tournait vers Notre-Dame-la-Belle et lui souriait.

Dans cette nuit d’épouvante, Gersinde mêlait au souvenir de ces joies, les sombres visions de la veille. Dans une torpeur, traversée de songes fiévreux, passaient les soldats de Montfort, le visage triste de son père, les nuages sanglants : elle croyait lutter contre des flammes, des visages hideux tournaient autour d’elle, une porte s’ouvrait béante, une cassette d’or se balançait dans