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LA VOCATION DE SAINT APHRODISE

bosquet de tamaris, il allait dérouler un papyrus, lorsque ses yeux s’arrêtèrent sur un tableau adorable : à l’ombre des sycomores, vêtue d’une tunique de la couleur pâlie des roses à l’automne, un voile blanc posé sur ses cheveux, Marie les yeux baissés filait sa quenouille en priant, et Jésus, plus beau que le jour, dans sa légère robe bleue, jouait avec les pelotes de lin réunies à ses pieds dans une corbeille. Soudain un cri échappa aux lèvres de la mère admirable, une colombe, blessée en dehors des clôtures, tombait aux pieds de Jésus ; elle ne bougeait plus et un filet de sang tachait son cou qui avait l’orient de la perle.

Alors Aphrodise vit ceci :

Jésus s’inclina vers l’oiseau mort, il le tint un instant dans ses mains jointes, puis il passa doucement ses doigts sur les plumes nacrées ; sous cette caresse, le petit corps frissonna, en lui semblaient s’assouplir à nouveau les ressorts de la vie, la tête se redressa, la queue se balança, les ailes se déployèrent, et l’oiseau, déjà ingrat, vola sur un sycomore et roucoula !… Marie en souriant