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L’ÉCHÉANCE DU CURÉ MARTIN

costume des voyageurs de l’époque sur son front un feutre était rabattu. Le froid était glacial, la nuit obscure, mais le prêtre devina qu’il était jeune et qu’il était très beau…

— Monsieur le curé, je suis chargé de vous remettre… le geste acheva la phrase !…

Le cavalier ouvrit les fontes de la selle, il en tira successivement quatre sacoches qui avaient l’air très lourdes, si lourdes, que le prêtre dut en passer deux à son sacristain.

— Venez vous chauffer, il y a encore un peu de braise, balbutiait le prêtre éperdu !

D’un signe, le cavalier indiqua qu’il ne pouvait s’attarder davantage ; d’une main élégante il rassembla les rênes, et partit d’un trot allongé… le curé le suivait du regard au coin de la rue, le vent enfla son manteau… on eût dit qu’il avait des ailes !

Alors Monsieur Martin se dirigea vers le modeste escalier qui n’avait jamais vu passer telle fortune. Alexandre suivait en murmurant les versets du Te Deum…