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L’ÉCHÉANCE DU CURÉ MARTIN

sante. Le soir augmenta son angoisse. On était en décembre, la nuit était froide, un feu de pauvre se mourrait dans la cheminée ; dans son cabinet nu et glacé, il marchait de long en large, pour tromper, hélas, son tourment : « Seigneur, priait-il, Seigneur, qui avez dit : Demandez et vous recevrez, ayez pitié de moi ! »

Son sacristain, Alexandre, venait de temps en temps contempler tristement son maître : les larmes aux yeux, il avait constaté qu’il n’avait touché ni au morceau de pain, ni au plat de légumes à l’eau, qui composaient son souper de chaque jour !…

Dans son angoisse, Monsieur Martin ne pensait pas plus à manger qu’à gagner sa couche ; il lui semblait voir sur les murs, ces mots courir en trait de flamme : Demain…

Il s’assit devant le foyer éteint, et perdit le sens des choses. Peut-être, le sommeil secourable allait-il lui porter l’oubli !

— Monsieur le curé, on vous demande ! cria d’en bas Alexandre, avec sa voix de fausset.