Page:Bellaud-Dessalles - Légendes du vieux Béziers, 1923.pdf/106

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
104
LE PAIN DE CARITACHS

revanche de sa frayeur de l’ouragan, à mort Cérès, à mort le voleur des pauvres…

Vingt bras se levèrent contre le boulanger, les poings s’abattirent sur ses épaules, une pierre — partie on ne sut d’où — lui ouvrit le front, et sous les yeux de Mariette changée en statue, appréhendé par la maréchaussée, il était jeté dans les cachots de l’Hôtel de Ville.

Que devenait notre Mariette, si fine, si délicate, si fière de son honneur ? Devant son malheur, elle avait fermé les yeux, elle serrait les lèvres. pour ne pas crier son agonie, et ses mains se crispaient sur son pauvre cerceau ! Comme les flots d’une mer de douleur, la honte montait autour d’elle.

À ce moment une main se posa sur son bras :

— Viens chez moi, dit Jean, et béni soit le jour où tu passeras mon seuil !… Et cette voix avait une singulière grandeur…

Elle ne répondit pas, la petite Mariette, avait-elle même entendu ? Je veux mourir répétait-elle… Il n’y avait pas d’autre issue…