Page:Behn - Oronoko, 1745.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ble que les deux sexes ne connoissent pas les désirs. La raison de cela, c’est que vous appercevez d’abord tout ce que vous avez envie de voir ; vous le revoyez à chaque instant ; & où la nouveauté manque, la curiosité est oisive.

Cette nation, en un mot, me représentoit exactement le premier état d’innocence, avant que l’homme apprît à pécher ; d’où j’ai conclu, que la simple nature est le moins dangéreux de tous les guides ; & que si nous observions seulement ce qu’elle permet, ses inspirations toutes simples, nous instruiroient beaucoup mieux, que tous les préceptes d’invention humaine. La Religion même, dans ce païs là, ne serviroit qu’à en bannir l’heureuse tranquilité, qu’on y doit à l’igno-