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et ses chanoines de la fausse loi que jamais Dieu n’aima : ils ne se sont ni ordonnés ni tonsurés. Quand elle vit les Arabes en telle déroute, à haute voix elle s’écrie : « … Ah ! gentil roi, les voilà vaincus, nos hommes ! L’émir est tué, si honteusement ! » Quand Marsile l’entend, il se tourne vers la paroi, ses yeux versent des larmes, sa tête retombe. Il est mort de douleur, sous le fléau qui l’accable. Il donne son âme aux démons.

CCLXV

LES païens sont morts..... Et Charles a gagné sa bataille. Il a abattu la porte de Saragosse : il sait qu’elle ne sera pas défendue. Il se saisit de la cité ; ses troupes y pénètrent : par droit de conquête, elles y couchèrent cette nuit-là. Le roi à la barbe chenue en est rempli de fierté. Et Bramidoine lui a rendu les tours, les dix grandes, les cinquante petites. Qui obtient l’aide de Dieu achève bien ses tâches.

CCLXVI

LE jour passe, la nuit est tombée. La lune est claire, les étoiles brillent. L’empereur a pris Saragosse : par mille Français on fait fouiller à fond la ville, les synagogues et les mahommeries. À coups de mails de fer et de cognées ils brisent les images et toutes les idoles : il n’y demeurera