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pas trompée : ceux qu’elle a mis au premier rang y resteront ; ceux qu’elle a relégués au dernier, tels que du Bartas, ne remonteront jamais au premier, malgré leur vaste imagination. Une prolixité diffuse et surtout le manque de mesure et de goût sont des défauts que ne pardonnent pas les lecteurs français.

Tous les poètes qui figurent dans ce recueil ont les uns pressenti et les autres subi l’influence de Ronsard. Les premiers forment en quelque sorte une avant-garde ; à quelques-uns de leurs accents on reconnaît qu’ils échappent à l’école de Marot. Quant au gros de l’armée, il suit les pas de son illustre chef, s’efforçant non seulement d’atteindre aux qualités, à la grâce, à l’abondante imagination du maître, ce à quoi parviennent les mieux doués, mais encore, hélas ! de reproduire jusqu’à ses défauts, recherche puérile dans laquelle presque tous ont réussi au delà même de leur gré. Le manque d’originalité est, en effet, le défaut capital de cette brillante et séduisante école poétique. Il ne paraîtra sans doute pas trop dans ce recueil, où chaque poète n’est représenté que par un petit nombre de pièces ; il éclate aux yeux dès qu’on se crée l’obligation de parcourir avec quelque attention les œuvres complètes de cette innombrable phalange de poètes. Il en est d’ailleurs ainsi pour chaque siècle, pour chaque école poétique ; et, pour être juste, il faut reconnaître que le XVIIe, le XVIIIe et le