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ne sont que le manteau de la tyrannie ; elles ne sont qu’un langage de convention, un glaive propre à nous immoler avec plus de sécurité, comme des victimes dévouées en sacrifice à l’idole insatiable du despotisme. L’assassinat qu’on nous représente comme un crime horrible, nous le voyons pratiquer froidement & sans remords. Autorisons-nous de cet exemple, la mort violent nous paraissait une scène terrible dans les descriptions qu’on nous en faisait ; mais nous voyons que c’est une affaire d’un moment. Ce sera moins encore dans celui qui, en allant au-devant d’elle, s’épargnera presque tout ce qu’elle a de douloureux.

Tels sont les funestes paralogismes que font, au moins confusément, les hommes disposés au crime, sur lesquels l’abus de la Religion peut plus que la Religion elle-même.

Si l’on m’oppose que presque tous les siècles & toutes les nations ont décerné la peine de mort contre certains crimes, je réponds que cet exemple n’a aucune force contre la vérité à laquelle on ne peut opposer de prescription. L’histoire des hommes est une mer immense d’erreur, où l’on voit surnager çà et là, & à de grandes distances entre elles, un petit nombre de vérités mal connues.

Presque toutes les nations ont eu des sacrifices