Page:Beccaria - Traité des délits et des peines, trad Morellet, 1766.djvu/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’a traité cette matière importante qu’en paſſant. En cherchant la vérité qui eſt une, j’ai été forcé de ſuivre les traces lumineuſes de ce grand homme. Mais ceux qui ſavent penſer, & pour qui j’écris, ſauront distinguer mes pas des ſiens. Heureux ſi je puis obtenir comme lui les, ſecrets remercimens des diſciples obſcurs & paiſibles de la Philoſophie & de la raiſon, & exciter en eux ce doux frémiſſement, par lequel les ames ſenſibles répondent à la voix du défenſeur de l’humanité.

Pour mettre de l’ordre dans nos recherches, nous devvríons examiner & distinguer chaque eſpèce de crime, & la peine qui y a été attachée. Mais la multitude & la variété de ces objets, d’après les diverſes circonstances des tems & des lieux, nous jetteroient dans un détail immenſe & ennuyeux. Il me ſuffira d’indiquer les principes les plus généraux, & des erreurs les plus funestes, en m’écartant également, & d’un amour mal entendu de la liberté qui tendroit à introduire l’anarchie, & de la pédanterie qui voudroit ſoumettre les hommes à une régularité monaſtique.

Quelle eſt l’origine des peines, & quel est le fondement du droit de punir ? Quels ſont les moyens pratiquables dans une bonne légiſlation pour ſaiſir le criminel, & découvrir & constater le crime ? La queſtion est-elle juſte, & conduit-elle au but que ſe propoſent les loix ? Les peines