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pendant le dimanche ; la malle aux lettres était elle-même arrêtée ; mais, depuis plusieurs années, on s’est relâché de cette rigueur de principe. Le plus grand nombre approuve ce changement ; mais les presbytériens le censurent amèrement, et y trouvent le texte d’une accusation d’impiété contre le siècle.

      • La France sera religieuse quand elle sera protestante.

C’est une opinion très-répandue parmi les presbytériens des États-Unis, que l’irréligion en France est due au catholicisme, et que le protestantisme lui rendrait le zèle religieux qu’elle a perdu.

La société biblique américaine, qui travaille avec beaucoup de zèle à christianiser l’univers sous la forme protestante, songe souvent à la France ; et l’un de ses membres conçut, en 1851, un plan qui me paraît assez curieux pour que j’en donne ici une brève analyse :

« Nous devons, dit-il, porter sur la France nos premiers regards, pour plusieurs raisons :

1º Sa langue est parlée dans le monde entier ;

2º Sa situation géographique et politique fait que le principe adopté par elle pénètre vite chez tous les autres peuples de l’Europe, et, maître d’elle, le protestantisme détrônera bientôt le papisme qui règne en Espagne et en Italie ;

3º Depuis sa conquête d’Alger, la France tient dans ses mains la clef de l’Afrique ;

4º Les Français sont économes, polis dans leurs formes, entreprenants, enthousiastes, et habiles à communiquer les croyances qu’ils ont dans l’âme ;

5º La seule cause qui rend les Français irréligieux est leur haine contre leur clergé. »

L’auteur conclut donc en demandant que la société biblique américaine envoie en France des commissaires chargés de distribuer une Bible à chaque habitant des campagnes. (V. Western recorder, Utica, 12 juillet 1831.)

Ce plan, accompagné de développements assez ingénieux, avait fait une telle impression sur quelques jeunes adeptes de la communion presbytérienne, que l’un d’eux, résolu de partir pour la France, vint un jour me demander quelques renseignements nécessaires au voyage. je ne pus m’empêcher, en rendant