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et a rendu moins indifférente dans l’opinion la participation à cette société. Un nommé Morgan, de l’État de New-York, affilié aux francs-maçons, se sépara d’eux subitement et devint antimaçon ; il paraît même qu’il annonça l’intention de divulguer les statuts et les secrets de l’association ; quelques, jours après il disparut de son domicile, et, pendant un certain temps, on ignora ce qu’il était devenu ; mais bientôt après on trouva son cadavre flottant sur le lac Erié, où tout porte à penser que des meurtriers l’avaient précipité. Des poursuites judiciaires furent commencées, des indices recueillis ; mais les témoins, dont on aurait pu tirer quelques lumières, étaient frappés d’une telle terreur, qu’ils ne voulurent rien dire à la charge des inculpés.

Cette affaire a été, pour le parti antimaçonique, un signal de recrudescence. Beaucoup de personnes désintéressées ont de très-bonne foi repoussé une association qui avait été la cause ou tout au moins l’occasion d’un odieux forfait. D’autres se sont empressées d’exploiter au profit de leur ambition particulière ce mouvement des esprits, et ont tâché d’organiser le parti antimaçonique, dans un intérêt apparent de morale, et en réalité dans le but unique de se placer à la tête d’une opinion. Dans un pays où il n’existe point de partis politiques, les ambitions ont une peine infinie à se produire ; à la place d’intérêts réels, elles sont obligées d’en créer de factices ; alors un fait, une idée, sont des accidents heureux dont elles s’emparent ; c’est un costume pour jouer leur rôle.

Toutes les questions politiques relatives à l’existence et à la nature des partis aux États-Unis sont traitées dans l’ouvrage que va publier M. de Tocqueville sur la démocratie en Amérique. (V. tome II, chap. 2.)

          • Austérité des puritains de la Nouvelle-Angleterre.

Cette austérité ne se montre pas seulement dans les mœurs ; on la voit également paraître dans les lois : l’ivresse, les jeux de hasard, la fornication, le blasphème, l’inobservation du dimanche, sont, dans le Massachusetts, des délits passibles d’un emprisonnement ou d’une amende. Le puritanisme dominant dans la Nouvelle-Angleterre exerce encore son influence sur presque tous les États de l’Union ; c’est ainsi que le code pénal de l’Ohio punit de l’emprisonnement les rapports entre hommes et femmes non mariés. J’ai vit à Cincinnati des individus condamnés