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trouvaient les tribus indiennes de l’Amérique du Nord, au moment où les Européens les découvrirent et pendant le demi-siècle qui suivit.

À l’époque dont je parle, aucune des tribus sauvages qui peuplaient le continent n’avait abandonné les habitudes de chasse, et toutes les remarques relatives aux peuples chasseurs leur étaient applicables. La civilisation n’avait fait chez aucune d’elles de très-grands pas ; les arts y étaient demeurés très-imparfaits ; la société y était toujours dans l’enfance : cependant elle existait déjà. Les traditions, les coutumes, les usages, les mœurs, pliaient au joug social des hommes que leur genre de vie rendait errants et désordonnés, et introduisaient une sorte d’état civilisé au milieu de la barbarie. Tous ces peuples trouvaient aisément à vivre ; tous jouissaient d’une espèce d’abondance sauvage ; nul ne se plaignait de son sort. J’ai montré qu’au sein de ces nations barbares apparaissaient les mêmes phénomènes qu’a présentés partout la race humaine. La plus complète égalité régnait parmi les Indiens. Leur état social était éminemment démocratique, c’est-à-dire qu’il se prêtait également au plus rude despotisme ou à l’entière liberté. Combiné dans le Sud avec une certaine mollesse de corps et d’esprit et une certaine ardeur d’imagination inhérentes au climat, il a donné naissance au gouvernement théocratique des Natchez. Uni dans le Nord à l’activité, à l’énergie inquiète qu’engendre la vigueur des saisons, il a créé la confédération des républiques iroquoises.

Je ferme maintenant le livre de l’histoire ; je laisse cent cinquante ans s’écouler ; et, reportant mes regards vers ces mêmes sauvages dont tout à l’heure je peignais le portrait, je cherche à discerner les changements que leur a fait subir la marche du temps.

§ II.

État actuel.

Beverley disait, en 1700, p. 315 : « Les naturels de la Virginie s’éteignent, quoiqu’il y ait encore plusieurs bourgs qui portent leurs noms. »