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personnel, il n’a jamais part au gouvernement, et il serait disgracié pour toujours s’il voulait s’en mêler. Les enfants de ceux qui se sont distingués par leur patriotisme, excités par la considération de leur naissance et par les principes de vertu qu’on a soin de leur inspirer, imitent les exploits de leurs pères et parviennent aux mêmes honneurs, et c’est ce qui a donné lieu de croire que le titre et le pouvoir de sachem étaient héréditaires. Chacune de ces républiques a ses chefs particuliers qui écoutent et décident les différends qui s’élèvent en plein conseil, et, quoiqu’ils n’aient point d’officiers pour faire exécuter leurs ordres, on ne laisse pas que d’obéir à leurs décrets, de peur de s’attirer le mépris public… La condition de ce peuple le met à l’abri des factions qui ne sont que trop ordinaires dans les gouvernements populaires. Comment un homme formerait-il un parti, puisqu’il n’a ni honneurs, ni richesses, ni autorité à accorder ? Toutes les affaires qui concernent l’intérêt public sont réglées dans l’assemblée générale des chefs de chaque nation, laquelle se tient ordinairement à Onondaga, qui est le centre du pays, Ils peuvent agir séparément dans les cas improvisés ; mais la ligue n’a lieu qu’autant que le peuple y consent. »[1]

L’organisation fédérative qu’avaient adoptée les Iroquois, le gouvernement régulier et libre auquel ils s’étaient soumis, leur assuraient de grands avantages sur leurs voisins. Leurs sauvages vertus, leurs vices même, leur donnaient une prépondérance plus grande encore.

Nous avons vu que les Indiens considéraient en général la chasse et la guerre comme les seuls travaux dignes d’un homme ; les Iroquois étaient plus imbus qu’aucun autre peuple de cette opinion. « Il n’y a peut-être pas de nation au monde, dit William Smith, page 74, qui connaisse mieux que ces Indiens la vraie gloire militaire. Les Cinq-Nations, dit-il ailleurs, sont entièrement dévouées à la guerre : il n’y a rien qu’on ne mette en usage pour animer le courage du peuple. Nulle part les mœurs héroïques ne se montraient plus en relief que chez ces barbares. « Lorsqu’un parti revient de la guerre, dit Smith, page 82, un jour avant de rentrer au village,

  1. V. Histoire de la Nouvelle-York, par William Smith, 2e partie.