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exemples ; en agissant ainsi, vous êtes assurés d’aller le rejoindre dans la patrie des âmes où vous trouverez des daims toujours en abondance, des compagnes toujours belles et jeunes, où la faim, le froid, la fatigue, ne vous atteindront jamais. » Avant ainsi parlé, il raconte quelques histoires qui se conservent d’une manière traditionnelle dans la nation ; il rappelle que, dans telle année, la guerre s’alluma et que ses compatriotes furent victorieux, il nomme les chefs qui se distinguèrent alors.

Si les pouvoirs politiques étaient souvent débiles parmi les Indiens, l’âge et les liens du sang exerçaient un salutaire contrôle sur les actions des hommes. Tous les anciens auteurs qui ont écrit sur l’Amérique du Nord nous parlent de l’influence qu’obtenait la vieillesse. Le père de famille jouissait alors d’une grande autorité.

Parlant de l’éducation des Indiens, Dupratz dit, t. II, p. 312 : « Comme dès leur plus tendre enfance on les menace du vieillard s’ils sont mutins on s’ils font quelque malice, ce qui est rare, ils le craignent et respectent plus que tout autre. Ce vieillard est le plus vieux de la famille, assez souvent le bisaïeul ou trisaïeul, car ces naturels vivent long-temps, et, quoiqu’ils n’aient des cheveux gris que quand ils sont bisaïeuls, on en a vu qui étaient tout-à-fait gris se lasser de vivre ne pouvant plus se tenir sur leurs jambes sans avoir d’autre maladie ni infirmité que la vieillesse, en sorte qu’il fallait les porter hors de la cabane pour prendre l’air ou pour ce qui leur était d’autre nécessité, secours qui ne sont jamais refusés à ces vieillards. Le respect que l’on a pour eux est si grand dans leur famille qu’ils sont regardés comme juges : leurs conseils sont des arrêts. Un vieillard, chef d’une famille, est appelé père par tous les enfants de la même cabane, soit par ses neveux et arrière neveux. Les naturels disent souvent qu’un tel est leur père : c’est le chef de la famille ; et, quand ils veulent parler de leur propre père, ils disent qu’un tel est leur vrai père. » Voir l’Histoire de la Louisiane, par Dupratz.

Les Indiens avaient encore plusieurs coutumes qui tempéraient les maux de la guerre, et resserraient le champ ouvert à la violence. On voit dans Beverley que les Indiens de la