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choses propres à faire comprendre leurs différentes pensées. » Lahontan dit la même chose des Iroquois : il donne même le modèle du récit d’une expédition, exprimée de cette sorte. Voyez tome II, page 191.

Aucune de ces nations n’avait découvert les métaux, ni le secret de les travailler. « Avant l’arrivée des Anglais, dit Beverley en parlant des sauvages de la Virginie, les Indiens ne connaissaient ni le fer ni l’acier. »

La même remarque est applicable à tous les indigènes du continent. Les sciences les plus nécessaires, l’art d’élever des maisons, de faire des canots, de fabriquer des vêtements, n’avaient point dépassé parmi eux les limites que peuvent atteindre l’industrie et les efforts d’un homme isolé ou d’une génération.

« Les Indiens, dit en 1606 le capitaine John Smith, p. 30, ont pour vêtement des peaux de bêtes qu’ils portent avec le poil durant l’hiver, et dépouillées de poil pendant l’été : les principaux d’entre eux s’enveloppent de longs manteaux de peaux qui, pour la forme, ressemblent aux manteaux irlandais. Ces manteaux sont souvent brodés avec des grains de cuivre ; plusieurs sont peints. Les maisons de ces sauvages sont bâties en manière de berceaux : elles sont composées de jeunes arbres pliés et attachés ensemble : on les recouvre si soigneusement avec des nattes et de l’écorce d’arbre, que ni le vent ni la pluie ne sauraient y entrer ; mais il y règne une grande fumée. Leurs bâtiments publics étaient faits avec plus de grandeur et plus d’art. Le même Smith parle, page 37, d’une maison destinée à contenir le trésor du roi. La longueur de ce palais est de cinquante à soixante aunes (yards). De grossières statues occupent ses quatre coins. « Les maisons des Iroquois, dit William Smith, page 78, consistent en quelques pieux fichés en terre, et couverts d’écorce d’arbres, au haut desquels on laisse une ouverture pour donner passage à la fumée. Partout où il se trouve un nombre considérable de ces huttes, ils bâtissent un fort carré, sans bastions, et simplement entouré de palissades. »

Les sentiments n’ont pas besoin pour se développer du même travail successif que les idées. L’état social des chasseurs exerce cependant une influence sinon pareille, du moins