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individu ou corps social, est de se conserver, partant de se défendre.

Je viens d’exposer les rapports des cultes avec l’État selon les lois américaines… Mais, sur cette matière, les lois sont bien moins puissantes que les mœurs.

Si, dans tous les États américains, la constitution n’impose pas les croyances religieuses et la pratique d’un culte comme condition des priviléges politiques, il n’en est pas un seul où l’opinion publique et les mœurs des habitants ne prescrivent impérieusement l’obligation de ces croyances. En général, quiconque tient à l’une des sectes religieuses, dont le nombre aux États-Unis est immense, jouit en paix de tous ses droits sociaux et politiques. Mais l’homme qui dirait n’avoir ni culte ni croyance religieuse serait non-seulement exclus en fait de tous emplois civils et de toutes fonctions électives gratuites ou salariées, mais encore il serait l’objet d’une persécution morale de tous les instants ; nul ne voudrait entretenir avec lui des rapports de société, encore moins contracter des liens de famille ; on refuserait de lui vendre et de lui acheter : on ne croit pas, aux États-Unis, qu’un homme sans religion puisse être un honnête homme.

J’indiquais tout-à-l’heure les atteintes portées à la liberté religieuse par les lois de quelques États. Je dois ajouter, en finissant, que ces violations disparaissent chaque jour des lois et des mœurs américaines. Il ne faut pas oublier que la Nouvelle-Angleterre, foyer du puritanisme, fut long-temps religieuse jusqu’au fanatisme, et, si l’on songe que la loi politique de ce pays punissait jadis de mort les mécréants, c’est-à-dire ceux qui n’étaient pas presbytériens, on reconnaîtra quels progrès le Massachusetts et les autres États du Nord ont faits dans la tolérance et dans la liberté.