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Ainsi il n’existe aux États-Unis ni religion de l’État, ni religion déclarée celle de la majorité, ni prééminence d’un culte sur un autre. L’État est étranger à tous les cultes. Chaque congrégation religieuse se gouverne comme il lui plaît, nomme ses ministres, lève des taxes parmi ses membres, règle ses dépenses, sans rendre aucun compte à l’autorité politique, qui ne lui en demande point.

Dans un grand nombre d’États, les ministres des cultes, à quelque secte qu’ils appartiennent, sont déclarés incapables par la loi de remplir aucune fonction civile ou militaire. « Attendu tendu, porte la constitution de New-York, que les ministres de l’Evangile sont, par état, dévoués au service de Dieu et au soin des âmes, et que rien ne doit les détourner des importants devoirs de leur ministère. »[1]

La vie politique est donc entièrement interdite aux ministres de l’Église. On conçoit dès lors que le pouvoir ne trouve pas plus d’appui dans les ministres d’une secte que dans ceux d’une autre congrégation.

Je viens d’exposer les principes généraux ; il me faut maintenant indiquer ici quelques exceptions.

La constitution du Massachusetts proclame la liberté des cultes, en ce sens qu’elle n’en veut persécuter aucun ; mais elle ne reconnaît dans l’État que des chrétiens, et ne protége que des protestants.[2]

Aux termes de cette constitution, les communes qui ne pourvoient pas d’une manière convenable aux frais et à l’entretien de leur culte protestant, peuvent être contraintes de le faire par une injonction de la législature.[3] L’impôt recueilli en conséquence de cette mesure peut être appliqué par chacun au soutien de la secte à laquelle il appartient ; mais nul ne pourrait se dispenser de le payer, sous le prétexte qu’il ne pratique aucun culte.[4]

La constitution du Maryland déclare aussi que tous les

  1. V. Constitution de New-York, art. 7, § 4.
  2. V. Constitution du Massachusetts, art. 2 et 3, 1er, 2e et 4e alinéa.
  3. V. ibid., art. 3, 1er et 2e alinéa.
  4. V. ibid., art. 3e, 4e alinéa.