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n’a poussé plus loin qu’elle la pratique de la liberté civile et religieuse et de l’égalité des hommes entre eux. La Pensylvanie lui doit l’austérité et la simplicité de ses mœurs, et, quoique la société des quakers y soit en décadence, ce pays en ressentira long-temps encore la salutaire influence. Cependant est-il rien de plus absurde et de plus contraire à la nature que l’un des principaux dogmes de cette communauté ?

L’Evangile dit que celui qui reçoit un soufflet sur une joue doit tendre l’autre ; le christianisme recommande la paix et la douceur ; et les quakers concluent de là qu’on ne doit résister à aucune violence, même pour défendre sa vie. Je demandais une fois à un quaker s’il repousserait par la force un assassin qui en voudrait à ses jours, il ne m’a pas répondu : la théorie de sa secte est qu’il ne devrait pas opposer à une telle attaque une pareille résistance.

Ainsi, voilà toute une population éclairée et sage qu’une interprétation erronée de la parole de Dieu conduit à la violation de la première et de la plus sacrée de toutes les lois de la nature, qui est la conservation de soi-même.

N’est-il pas triste de voir s’égarer ainsi l’intelligence de l’homme, tantôt dans le doute des sociniens, tantôt dans la doctrine ridicule des trembleurs, une autre fois dans la théorie absurde des quakers ? comme si l’homme ne pouvait user de sa raison qu’à la condition de faire en même temps acte d’impuissance ou de folie.

Je ne poursuivrai point l’examen des divergences que présentent les sectes protestantes ; qu’il me suffise de faire observer, à ce sujet, que toutes ces sectes, dont les doctrines varient à l’infini, depuis la communauté des quakers, dont la théorie laisse mourir l’homme sans défense, jusqu’à la congrégation des shakers, dont les principes amèneraient la fin du monde, toutes ont un point commun, où elles se trouvent parfaitement unies. Ce point, c’est la pureté de la morale que chacune professe.

Le presbytérianisme, dont je viens de signaler les passions haineuses, est peut-être de toutes les communautés protestantes la plus féconde en bonnes œuvres. Le fanatisme qui fait les crimes engendre aussi les vertus.

On a souvent ridiculisé la congrégation des méthodistes,