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c’est la moralité du clergé catholique dans ce pays. Je ne puis m’empêcher, à ce sujet, de rapporter les propres paroles d’un écrivain anglais, que j’ai déjà eu l’occasion de citer. Voici dans quels termes le colonel Hamilton, qui est protestant, parle du clergé catholique des États-Unis : : «Tout ce que j’ai appris, dit-il, du zèle des prêtres catholiques dans ce pays est vraiment exemplaire. Jamais ces ministres saints n’oublient que l’être le plus hideux dans sa forme contient une âme qui l’ennoblit, aussi précieuse à leurs yeux que celle du souverain pontife auquel ils obéissent… Se dépouillant de tout orgueil de caste, ils se mêlent aux esclaves, et comprennent mieux leurs devoirs envers les malheureux que tous les autres ministres chrétiens. Je ne suis pas catholique ; mais aucun préjugé ne m’empêchera de rendre justice à des prêtres, dont le zèle n’est excité par aucun intérêt temporel ; qui passent leur vie dans l’humilité, sans autre souci que de répandre les vérités de la religion, et de consoler toutes les misères de l’humanité. »[1]

Il paraît bien constant qu’aux États-Unis le catholicisme est en progrès, et que sans cesse il grossit ses rangs, tandis que les autres communions tendent à se diviser. Aussi est-il vrai de dire que, si les sectes protestantes se jalousent entre elles, toutes haïssent le catholicisme, leur ennemi commun. Les presbytériens sont ceux dont l’inimitié est la plus profonde ; ils ont des passions plus ardentes que tous les autres protestants, parce qu’ils ont une foi plus vive ; et le prosélytisme des catholiques les irrite davantage, non qu’ils en blâment la théorie comme les quakers, mais parce qu’ils le pratiquent eux-mêmes

Un événement grave, et dont le lecteur me pardonnera sans doute de lui rapporter ici les détails, est venu récemment constater la puissance des haines religieuses dont je viens de parler.

Il existe à une lieue de Boston, dans un village nommé Charlestown, un couvent de religieuses catholiques dites Ursulines. Cet établissement, consacré à l’éducation des

  1. Hamilton, Men and Manners in America, p.314.