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écrit eux-mêmes l’histoire de leurs premiers jours : et l’imprimerie, qui les avait précédés, s’est chargée d’enregistrer les moindres cris de l’enfant au maillot.

XVI.

« La poésie commença en France par les chants des trouvères et les amours des chevaliers… Telle ne saurait être son origine aux États-Unis. Les hommes de ce pays, dont le respect pour les femmes est profond, méprisent les formes extérieures de la galanterie. Une femme seule au milieu de plusieurs hommes, égarée dans sa route ou abandonnée sur un vaisseau, n’a point d’insulte à redouter ; mais elle ne sera l’objet d’aucun hommage. On sait en Amérique le mérite des femmes ; on ne le chante point.

XVII.

« À peine le peuple américain était-il né, que la vie publique et industrielle s’est emparée de toute son énergie morale. Ses institutions, fécondes en libertés, reconnaissent des droits à tous. Les Américains ont trop d’intérêts politiques pour se préoccuper d’intérêts littéraires. Lorsque, vers la fin du siècle dernier, vingt-cinq millions de Français étaient gouvernés selon le bon plaisir d’une femme galante, ils pouvaient, tranquilles sur les affaires du pays, s’amuser de choses frivoles et se dévouer corps et âme à la querelle de deux musiciens ! *

[Note de l’auteur. * Réf. ]

« Peu confiants dans les hommes du pouvoir, les Américains se gouvernent eux-mêmes : la vie publique n’est point dans les salons et à l’Opéra ; elle est à la tribune et dans les clubs.

XVIII.

« Quand la vie politique cesse, vient la vie commerciale : aux États-Unis tout le monde fait de l’industrie, parce qu’elle est nécessaire à tous. Dans une société d’égalité parfaite, le travail est la condition commune ; chacun travaille pour vivre,