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riez pas mieux dans tout le village, je vous demande la préférence. La fée ne se fit pas prier : elle vit une cabane qui ressemblait parfaitement à celle de Philémon et de Beaucis : même pauvreté, même charité de la part des maîtres, que ne différaient de l’heureux couple que je viens de citer, que par l’âge. Comment vivez-vous dans cette solitude, lui demanda la fée ? Quel est votre travail ? suffit-il à vos besoins ? Nous y vivons heureux, lui répondit son hôte ; la forêt prochaine nous fournit un travail pénible, à l’aide duquel nous soutenons notre vie d’alimens grossiers ; mais nous jouissons de la paix, de la santé ; nous nous aimons réciproquement ; que pourrions-nous demander davantage ? Et n’avez-vous jamais rien souhaité, lui demanda la fée ? Pardonnez-moi, ma bonne mère, répondit le paysan : j’ai quelquefois envié le bonheur des riches qui peuvent, à leur gré, soulager les malheureux ; le ciel m’a donné un cœur bienfaisant qui souvent