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dor fut obligé de modérer son application, et elle fit de tels progrès, qu’on ne remarquait plus en elle aucun reste de son éducation grossière, lorsqu’Armire arriva à son château. Cette dame fut enchantée de la bonne grâce avec laquelle elle se jeta à ses pieds pour la remercier des bontés qu’elle lui préparait ; impatiente de la voir auprès d’elle, elle pressa son mari de récompenser les bonnes gens qui l’avaient élevée, pendant qu’elle écrivait à un de ses amis qui était de la ville où cette fille était née, afin de constater sa noblesse ; car elle craignait que le nourricier, mal instruit, n’eût pris une bourgeoise pour une fille de qualité, et voulait régler l’état qu’elle lui faisait prendre sur celui de ses parens. Ce fut alors qu’Alindor apprit ce qui se passait dans son cœur : il avait attendu avec une sorte d’impatience le moment où sa belle écolière retirée au château, pourrait jouir d’un état digne d’elle ; et, lorsqu’il apprit de la bouche de son épouse que cette aimable