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tout un café. Ne pourriez-vous pas, dit la fée, qui mourait d’envie de rire, trouver quelque imprimeur honnête homme et charitable, qui connût le prix de vos ouvrages, et qui se chargeât de les faire imprimer sans vous nommer, puisque votre nom est si fort décrié ? Vous venez, sans doute, du Monomotapa, ma bonne mère, répondit l’auteur, à demi en colère. Un imprimeur charitable et honnête homme ! j’aimerais autant qu’on me parlât d’un procureur désintéressé. Apprenez donc, puisqu’il vous plaît d’ignorer ce qui est connu de tout le genre humain, qu’un imprimeur est un animal ignorant par essence, voleur comme un arabe, et dur comme un juif, vis-à-vis d’un auteur indigent. Si vous pouviez imaginer à quelles bassesses je me suis trouvé contraint de descendre, pour obtenir l’honorable emploi de correcteur d’imprimerie, vous vous étonneriez qu’un honnête homme ait pu y survivre : aussi, ne suis-je plus qu’un squelette ; et, si le ciel ne met bien-