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barbares. Jugez des sentimens de Laure en cette occasion : elle ne s’amusa point à plaindre son amie ; c’était du secours, et non de la pitié qu’il lui fallait. Laure avait entendu parler avec éloge du fils de cet indigne magistrat, qui exerçait lui-même une charge considérable. Elle fut le trouver, se jeta à ses pieds, et ne lui dissimula aucune circonstance de cette malheureuse affaire.

Ce jeune homme, que je nommerai Dorval, rougit de la faiblesse de son père, rassura Laure, et lui promit qu’avant la nuit, il aurait l’honneur de voir la marquise, pour lui rendre compte de ses démarches ; elles eurent un heureux succès. Dorval fit à son père une confusion qui lui fut salutaire, et en tira parole d’ensevelir dans le silence tout ce qui s’était passé. Comme les parties intéressées étaient satisfaites, le marquis fut élargi ; et ce fut Dorval qui, l’ayant tiré de prison, le ramena chez lui. Malgré l’espérance que Laure avait donnée à la marquise de l’heu-